La genèse

Au début des années 1980, la galerie En Attendant les Barbares se lance dans l’édition de deux designers débutants : Elizabeth Garouste et Mattia Bonetti. Ils prennent le nom de Garouste & Bonetti. Très vite, leur culture et leur imaginaire leur confèrent le triple statut de designers, décorateurs et artistes. Iconoclastes, Garouste & Bonetti inspirent un nouveau style, avec une inspiration éclectique soutenue par un savoir-faire parfait. Leurs premières créations déterminent les bases d’un nouveau courant décoratif connu sous le nom de « style barbare ». L’une des caractéristiques de ce style est de plaire aux artisans et d’évoquer de multiples références esthétiques et historiques.

La consécration

Cette approche non exhaustive permet à Garouste & Bonetti de puiser à de multiples sources. Ainsi, ils renouvellent sans cesse leur inspiration. Les matériaux utilisés sont multiples : fer forgé, fer forgé, bronze, bois, métal patiné, parchemin. La poésie de la démarche de Garouste & Bonetti se reflète dans le choix des noms de leurs pièces. Par exemple, lampe Moon, lampe Mask, Boite Couronne, canapé Topkapi, table Isis. Dans la tradition des Arts Décoratifs français, à la manière de Jean Michel Frank, Garouste & Bonetti réintroduisent la notion de sur-mesure. Dans les années 90, ils imaginent le concept de lignes déclinables. « Fourchettes », « Olympiade », « Feuilles », sont autant de formes qui s’adaptent à différents types de mobilier. Par exemple, une console peut se transformer en table basse, un guéridon en table de salle à manger, etc.

La séparation

Au début des années 2000, Garouste & Bonetti se séparent, laissant à En Attendant les Barbares le soin de continuer d’éditer leurs créations. Leur catalogue est impressionnant. Certainses œuvres  ont été exposées dans des musées. Citons  le  Centre Pompidou, Musée des Arts Décoratifs (MAD), Victoria & Albert Museum (Londres), Grand Hornu (Bruxelles), Fondation Cartier, Musée Guggenheim (New York).

Aujourd’hui, leur cote auprès des collectionneurs en fait des classiques recherchés par les collectionneurs, certains résultats atteignant des sommets impressionnants, comme un miroir en fer forgé, vendu en 2013 chez Sotheby’s pour plus de 103 000 euros.
Parmi les artisans d’art, il convient de signaler Pierre Basse, ex-ferronnier de Diego Giacometti, qui travaille en exclusivité pour la galerie.  Pierre Basse a développé un savoir-faire inégalable, avec un travail spécifique de fer battu à la main. En 1985, Il a contribué à l’élaboration d’éléments décoratifs de Diego Giacometti pour le Musée Picasso.
Il effectue également des expertises de pièces de Diego Giacometti pour de prestigieuses maisons de ventes aux enchères, telles Christie’s et Sotheby’s. Toujours à mi-chemin entre art, design, et art décoratif, la galerie fait appel au bronzier Bocquel, qui est le fondeur de Gérard Garouste, de César, et d’Arman,. C’est lui qui réalise les pièces les plus sculpturales d’Elizabeth Garouste.

La suite de l’histoire

Après la séparation d’Elizabeth Garouste et de Mattia Bonetti, la galerie continue de les éditer, chacun séparément. D’abord Elizabeth Garouste, à qui elle a consacré deux expositions personnelles. Puis Mattia Bonetti, qui a développé une brillante carrière internationale. Eric Schmitt est également l’un des premiers designers. Il est toujours fidèle à la galerie qui lui consacre sa première exposition personnelle en 1990. En 2020, il participe à l’exposition hommage « Diego Giacometti Forever ». A cette occasion, il aborde le domaine de la sculpture. Il est également très présent dans l’exposition « Fantasmagories », en 2022. La galerie édite d’autres talents du design à qui elle donne l’occasion de découvrir le savoir-faire d’artisans d’exception. Au fil du temps, Andrée Putman, Eric Jourdan (Prix ArtParis Design en 2013), Christian Ghion, Matt Sindall et Arik Lévy ont rejoint la galerie.

En 2009, lors d’une exposition personnelle, Andrée Putman, amie de longue date d’Agnès Kentish, présente « les Boites d’Andrée ». Considéré sous un angle large, il développe et extrapole le concept de la boîte. Avec brio, il passe avec aisance de la table de chevet à l’étui à crayons, de l’ébène de Macassar au bronze en passant par la laque.

Entre créations sur-mesure et séries limitées, la galerie En Attendant les Barbares abolit la frontière entre art décoratif, art et design. L’objectif est de créer des rencontres entre artisans et designers, essence même du « design de collection ».

En 2022, le MAD (Musée des Arts Décoratifs) a sélectionné plusieurs pièces de la galerie pour son exposition « 80s ». Certaines de ces pièces sont toujours produites, comme la lampe Lune de Garouste & Bonetti.